Michael Menduno de Global Underwater Explorers a réalisé tout un travail d’approfondissement au cours des 6 derniers mois donnant lieu à un excellent article de 15 pages dans le magazine InDepth.
Cet article (en anglais) est le résultat d’un long processus d’échange entre Michael Menduno et l’équipe d’Azoth Systems. Il examine à la fois le fonctionnement de la détection de bulles par la technologie O’Dive, ainsi que les rouages de l’application et les bénéfices qu’elle peut apporter aux plongeurs.
Vous trouverez également de nombreux retours de professionnels de la plongée : Pr. Costantino Balestra (DAN Europe), Frauke Tillmans (DAN US), Christian Heylen (IANTD), Paul Toomer (RAID), Phil Short, Edd Stockdale…
En réponse aux questions et observations soulevées çà et là par cet article, nous avons rédigé un texte explicatif reprécisant les contours exacts d’utilisation de la technologie O’Dive. Nous vous en souhaitons une bonne lecture !
O'Dive en bref - comprendre O'Dive
- Introduction
O’Dive est un système qui associe une analyse statistique de la décompression à une détection de bulles circulantes par ultrasons (Doppler) en vue d’analyser et de faire progresser pas-à-pas la qualité de vos procédures de décompression.
Le principe de O’Dive repose sur le calcul d’un indice de qualité (IQ) de votre procédure de décompression après chaque plongée, de façon comparative par rapport à une population (base de données).
O’Dive n’est un outil à usage unique : son bénéfice provient d’une utilisation périodique, en vous permettant de connaître les effets de vos procédures en termes de production de bulles et en vous donnant la possibilité de faire évoluer ces procédures afin d’abaisser vos scores de bulles.
- Comment cela fonctionne-t-il ?
– Après chaque plongée, O’Dive calcule un indice de qualité de votre décompression : IQ.
Cet indice de qualité est déterminé à partir d’un calcul de risque (pDCS) impliquant deux informations qui peuvent être quantifiées et mesurées : le profil de plongée et le niveau de bulles après la plongée.
Mais s’il implique un calcul de risque (pDCS), l’IQ n’est néanmoins pas considéré comme une estimation de risque dans l’application, car il est calculé en ne considérant « que » deux catégories de paramètres (profil de plongée et score de bulles).
C’est aussi pourquoi il n’est pas désigné comme « Estimation du risque » dans l’application – qui devrait impliquer de nombreux autres paramètres (la plupart d’entre eux étant absolument non quantifiables comme la qualité du sommeil, l’entraînement, la fatigue etc…) – mais « Indice de Qualité de votre décompression ».
On peut cependant souligner le fait de nombreux facteurs augmentant le risque d’ADD augmentent également la formation de bulles.
Cet indice de qualité, même s’il présente des limites en termes d’estimation du risque individuel, reste néanmoins une information très intéressante. Pourquoi ?
- Intérêt de l’Indice de Qualité
Son intérêt majeur est d’apporter une base de comparaison, à partir de laquelle il est possible de comparer les performances de deux procédures de plongée ou de deux pratiques de plongée différentes, et de viser ensuite une amélioration par rapport à cet IQ. La question n’est donc pas de savoir si l’indice de qualité reflète parfaitement un risque pDCS rencontré par un plongeur sur une seule plongée. Il s’agit de savoir si l’indice de qualité est un indicateur suffisamment cohérent à partir duquel il est possible de réaliser de réels progrès.
> Si – par rapport aux chiffres et au consensus scientifique détaillés dans le paragraphe suivant « La science derrière l’outil » – l’on considère que (i) pouvoir passer en seulement quelques plongées d’une pratique qui générait tout le temps des niveaux élevés de bulles (grade 4 par exemple) à une pratique de plongée qui ne génère que de faibles niveaux de bulles (grade 1 ou 0, ou idéalement 0 tout le temps) et (ii) pouvoir garder le plongeur dans cette nouvelle situation dans la durée est une amélioration efficace, alors la réponse est oui.
> Si l’on considère qu’avoir accès à une simulation personnalisée tenant compte de sa propre dynamique de bulles – qualifiée plongée après plongée par rapport à une base de données de milliers de plongées et de dynamiques de bulles observée – pour aider à la planification de la prochaine plongée afin de diminuer les niveaux de bulles est un progrès, alors la réponse est encore oui.
- La science derrière l’outil
Le principe de recommandation de O’Dive se fonde sur la « valeur prédictive négative » (VPN) élevée des bulles vasculaires vis-à-vis de l’apparition d’ADD. Cette valeur, qui fait consensus dans la communauté scientifique, est représentative du fait qu’un score de « zéro » ou pas de bulle après la plongée est un bon objectif en terme de sécurité.
Dans un article (avec comité de lecteurs) publié avec des scientifiques du Defence Research and Development Canada (DRDC) basé sur des profils de plongée et des données sur les bulles correspondantes recueillis sur une période de 40 ans par la marine canadienne, il a été démontré que, pour un profil de plongée similaire, les plongeurs à l’air qui avaient des niveaux de bulles élevés avaient un risque 5 à 17 fois plus important de faire un ADD que des plongeurs n’ayant pas de bulles ou ayant des niveaux de bulles faibles.
À l’échelle d’une seule plongée, les ADD étant des événements peu fréquents, il existe un consensus international entre scientifiques pour dire que « la présence de bulles n’est pas synonyme d’ADD ».
Cette réalité se traduit par une faible valeur prédictive positive (VPP) des bulles vasculaires concernant l’apparition des ADD. Cela signifie que des bulles peuvent être détectées sans aucun symptôme d’ADD dans de nombreux cas.
En résumé, si l’on considère une seule plongée : le fait d’avoir des bulles post-plongée ne signifie pas du tout qu’un ADD va se produire, mais l’absence de bulles post-plongée est un bon indicateur de sécurité.
Et à l’échelle d’une vie entière de plongées, si l’on considère l’effet cumulatif du risque, le fait de diminuer ou d’éviter les bulles est susceptible d’apporter un facteur de sécurité très significatif.
C’est précisément dans cette perspective que se positionne O’Dive : améliorer la sécurité continûment et dans la durée.
- La vision d’Azoth Systems
Les outils d’Azoth Systems sont le résultat de plus de dix ans de recherche, impliquant 4 thèses de doctorat, l’analyse de milliers de profils de plongée avec les ADD correspondants et le développement d’une technologie unique au monde.
O’Dive donne au plongeur un moyen de mieux se connaître, de connaître sa propre physiologie et sa décompression par rapport aux autres : « Est-ce que je produis plus de bulles, est-ce que je plonge de façon moins conservative que les autres ? »
L’outil de simulation ne propose que des leviers qui vont dans le sens d’une augmentation du conservatisme des plongées, et offre au plongeur une possibilité d’agir pour être davantage en sécurité.
En synthèse, le but de O’Dive est d’aider les plongeurs à adapter leur façon de plonger afin de diminuer leur niveau de bulles et idéalement de le ramener à zéro. On attend grâce à cela une sécurité beaucoup plus importante en comparaison à une situation antérieure avec beaucoup de bulles, surtout si l’on considère le bénéfice apporté de façon cumulative sur le long terme.
Azoth Systems est ouvert à toute expertise ou initiative dont la motivation est axée sur l’amélioration de la sécurité en plongée. N’hésitez pas à nous contacter !
Analogie entre la plongée et la conduite
Une analogie avec la conduite à grande ou faible vitesse (par comparaison à des plongées plus ou moins engagées) et le fait d’être plus ou moins fatigué (produire plus ou moins de bulles) peut être faite pour illustrer notre vision.
Si vous conduisez à grande vitesse en étant fatigué, eh bien, vous êtes en danger. Si vous faite de la plongée très engagée et que vous produisez systématiquement beaucoup de bulles après vos plongées, vous êtes également exposé à un risque.
C’est aussi simple que cela. Peut-être aurez-vous un accident, ou peut-être pas, mais vous n’êtes pas en sécurité.
Bien sûr, il y a beaucoup d’autres facteurs qui peuvent vous mettre en danger sur la route en plus de la vitesse et de la fatigue… Il y a de même beaucoup d’autres facteurs qui vous mettent en danger en plongée, en plus du conservatisme et des bulles qui circulent : FOP, hydratation, stress, température de l’eau, forme physique, effort et ainsi de suite…
Ce serait formidable de pouvoir contrôler la totalité de ces facteurs, mais en attendant, contrôlons au moins le profil de plongée et les bulles.
Le message de O’Dive ?
« Plongez de façon prudente et maintenez le conservatisme de vos plongées ainsi que votre production de bulles sous bon contrôle. »
MIKE MENDUNO
Rédacteur en chef de INDEPTH
Michael Menduno est un journaliste et un technologue primé qui écrit sur la plongée et la technologie de la plongée depuis 30 ans. Il a inventé le terme « plongée technique ». Son magazine « aquaCORPS : The Journal for Technical Diving » (1990-1996) a contribué à introduire la plongée technique dans la plongée sportive traditionnelle. Il a également produit les premières conférences Tek, EUROTek et ASIATek, et a organisé les Forums des recycleurs 1.0 et 2.0. Michael a reçu le prix OZTEK Media Excellence Award en 2011, le prix EUROTek Lifetime Achievement Award en 2012 et le prix TEKDive USA Media Award en 2018.